Qu’est-ce que le Qi Gong ?
Qi Gong associe deux idéogrammes chinois :
气 qì, que l’on peut traduire par « souffles » ou « énergie »
et 功 gōng « travail, œuvre, maîtrise ». « Travail des souffles » et « souffles qui nous travaillent » : la simultanéité des deux sens nous est ainsi suggérée.
L’origine du terme
Le terme de Qi Gong est récent : il date du début du XXème siècle au moment où la Chine Maoïste a voulu inventorier toutes les techniques corporelles millénaires Taoïstes de santé et de longévité ainsi que celles issues de la Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC).
Les techniques utilisées par Le Qi Gong, étaient en réalité connues depuis des siècles sous le nomde «导引dăo yĭn ». Dăo signifie « conduire l’énergie en l’harmonisant », Yĭn signifie « travailler son corps pour le rendre souple ». Les Dăo Yĭn sont des mouvements simples qui visent à faire circuler l’énergie selon certains méridiens ou centres énergétiques, à l’arrêter, à la concentrer ou à la libérer sur demande. Maîtriser son énergie est synonyme pour un Chinois de maîtriser sa santé. Il faut 6 mois en moyenne pour sentir l’énergie, d’abord de manière diffuse, mais plusieurs années pour sentir les méridiens, ce que les Chinois appellent « séparer les méridiens et distinguer les canaux (分经炼脉 fēn jīng, liàn maī).
Le Qi Gong dynamique
Il se pratique debout ou assis dans le mouvement : dans chaque mouvement, l’étirement est recherché dans la douceur et le respect des possibilités articulaires de chacun, ce qui permet un mouvement-retour dans le relâchement musculaire et l’ouverture articulaire. Les douleurs liées aux tensions s’effacent pour laisser place à la souplesse. « Entre le haut et le bas, l’intérieur et l’extérieur, le souffle va et vient lentement au travers des méridiens puis retourne au centre énergétique appelé 丹田 Dān tián ou champs de cinabresitué dans l’abdomen. Corps et respiration en harmonie, l’esprit devient calme et clair. « Une pointe de joie se dégage » rajoutent les Chinois.
Le Qi Gong statique
Il se pratique debout, allongé ou assis. Il se caractérise par l’absence de mouvements visibles de l’extérieur. Cependant à l’intérieur, il peut être soit mise en mouvement de l’énergiecomme dans les respirations allongées (Cf. le Qi Gong de la femme), la petite circulation céleste (周天zhōu tiān) ou les postures (Cf. la « posture de l’arbre » ou la « posture du Un ») ou soit ralentissement du mouvement interne de l’énergie comme pour les techniques pour reconstituer l’énergie et nourrir le Yin. Nous disons un peu la même chose quand en position immobile, nos organes continuent à travailler et notre sang à circuler : il y a bien un mouvement interne mais l’apparence externe de la personne est immobile. Les Chinois ont développé des techniques de maîtrise de ces mouvements internes.
Le Qi Gong statique est idéal pour affiner le ressenti de l’énergie. Ce travail de « ressenti subtil » consiste à sentir et à observer les mouvements et formes prises par l‘énergie sans interférer sur elle ou au contraire en interférant sur elle. Les Chinois appellent ce travail « 观Guān, contempler ». Il ne présente aucune difficulté particulière. Certaines personnes de nature contemplative la possèdent déjà. Pour les autres, cela se découvre progressivement, avec constance et travail. Il ne s’agit pas d’un travail intellectuel car « sentir » est une disposition du corps.
Un art corporel chinois de santé et de longévité …
Il existe deux arts corporels chinois : le Tai Qi Quan, qui est un « art martial » et Le Qi Gong, qui est un « art de santé et de longévité ».
Le terme de longévité fait référence à la philosophie Taoïste : les Taoïstes, au travers de techniques corporelles, diététiques, et phytothérapiques appelées Yang Sheng – l’art de nourrir le vivre – recherchaient la santé et la longévité. Selon eux, une vie bien comprise pouvait mener à l’âge de 120 à 150 ans. Cela signifiait pour l’Homme qu’il était capable de « s’harmoniser avec l’Univers », c’est-à-dire vivre en harmonie avec son environnement mais également avec les saisons et de cultiver la paix. Ce cadre de longévité dépasse évidemment celui des cours hebdomadaires de Qi Gong. Vous noterez au passage l’aspect écologique du « vivre en harmonie avec son environnement ».
Le terme de « santé » Chinois est assez proche de la définition qu’en donne l’O.M.S. puisqu’elle se définit tant pour le corps (形 xíng, ce qui a une structure corporelle), que pour le mental et le bien-être (Shēn神, ce qui n’a pas de structure corporelle).
Pour un Chinois, la maladie vient soit des atteintes externes climatiques ou épidémiques (l’énergie du Ciel) ou soit des déséquilibre internes (les émotions qui s’installent dans le temps et qui finissent par avoir des influences négatives sur la santé). La douleur est quant à elle un trouble de l’énergie. Un aphorisme très connu de tous les Chinois dit : « Quand l’énergie ne circule pas, il y a des douleurs ; quand il n’y a pas d’énergie, il y a aussi des douleurs ». Les vraies déficiences en énergie sont plutôt rares, le plus souvent les douleurs sont donc liées à un blocage de la circulation de l’énergie. Le Qi Gong permet de remettre en circulation l’énergie bloquée. Le Qi Gong est idéal pour régénérer son énergie ou bien pour la remettre en circulation.
Les pratiquants de Qi Gong relatent que cela permet d’entretenir leur forme et leur vitalité. Ils se sentent plus joyeux (l’Hôpital de Qi Gong thérapeutique de Bedaihe en Chine a mesuré le taux d’endorphines, la molécule du plaisir : ce taux serait augmenté par cette pratique). En cas de problème de santé, qu’il s’agisse d’atteintes externes ou internes, le Qi Gong renforce « l’énergie correcte 正气Zhèng qì », celle qui s’oppose aux divers pathogènes ou aux processus pathologiques. Pour faire simple, on peut dire que le Qi Gong est une excellente manière de s’autonomiser dans sa santé, en premier lieu de la conserver et ensuite de la reconquérir si elle a été affectée. Elle permet de « bien vieillir » c’est-à-dire de « vieillir en forme ». Par ailleurs, elle complémente très bien les thérapies médicales occidentales classiques.
…Très différent du sport et un peu moins du Yoga
Si tout le monde a une petite idée de ce que sont les pratiques corporelles chinoises pour avoir vu des vidéos où les Chinois pratiquaient dans les parcs des formes dansées, lentes et harmonieuses, il n’en est pas moins vrai que le Qi Gong est une pratique corporelle qui dans l’esprit et dans les objectifs sont très différents du sport en général. Le but ultime du Qi Gong est de récupérer de l’énergie, or le sport va toujours la disperser (ce qui n’empêche pas ses autres bienfaits).
Le Sport
- Qualités : Rapidité, endurance, « cardio »
- Mouvements : Enchaînement de séquences
- Buts : Dépassement de soi, exploit, santé
- Physiologie : Accélère le cœur
Développe ou assoupli les muscles - Energie : Disperse l’énergie, force externe
Le Qi-gong
- Qualités : Lenteur
- Mouvements : Transformation – mutation de l’énergie
- Buts : Santé, connaissance de soi, harmonisation avec
l’énergie environnante, calme, sérénité - Physiologie : Ralentit le cœur, régule la tension artérielle
assoupli les muscles et les structures corporelles - Energie : Disperse ou concentre l’énergie selon la technique choisie, force interne
Rajoutons qu’ici la lenteur n’est jamais synonyme de mollesse, il s’agit d’une lenteur qui régénère et qui est en lien avec la « force interne ». Les néophytes sont souvent surpris de l’exigence requise.
D’origine orientale, Le Yoga est plus proche du Qi Gong. Les deux ont comme support référentiel la médecine (Ayurvédique pour le Yoga et Médecine Traditionnelle Chinoise pour le Qi Gong). Mais la maîtrise de la circulation de l’énergie et sa conservation n’est bien souvent pas la recherche du Yoga.
La lenteur est-elle faite pour moi ?
Il m’est arrivé de voir dans mes ateliers – il s’agit souvent des toutes premières séances – des personnes qui étaient mal à l’aise avec la lenteur. La lenteur est une maîtrise qui nécessite une motricité fine, de la force et de l’ancrage. Se déplacer lentement d’une jambe sur l’autre sans se déséquilibrer par exemple nécessite de la force dans les jambes. C’est par les jambes que nous vieillissons en premier. Le Qi Gong renforce les jambes et également le périnée. En réalité, la force des jambes est liée à la force du périnée et le périnée est un grand centre énergétique.
Pour d’autres personnes la lenteur est difficile psychologiquement. Ce sont souvent des personnes hyperactives ou stressées qui vivent en permanence sur le mode « le pied sur l’accélérateur ». Elles ne savent trouver le calme que dans le sommeil (ce sont ces mêmes personnes qui s’endorment dès qu’elles s’allongent). La lenteur est, dans leur esprit, souvent associée à la mollesse si bien qu’elles restent dans la force externe (l’extension des muscles par « gros paquets musculaires »), ce qui ne peut se faire que très rapidement. Il leur faut plus de temps pour accéder à la « force interne » (l’extension dans le relâchement de toutes les fibres musculaires dont les plus fines, des fascias et des autres structures organiques et l’ouverture des espaces creux). C’est cette « force interne » qui est plus lente, plus subtile et qui permet la circulation de l’énergie. En réalité, la « force interne » nécessite infiniment plus de force. C’est elle qui est également utilisée dans les Arts Martiaux. Le secret : ne pas désespérer et continuer à affiner son travail de ressenti. Il faut compter en moyenne 6 mois à 2 ans avant de commencer à sentir la « force interne » et l’énergie de manière très concrète.
Enfin, la dernière catégorie de personnes qui a du mal avec la lenteur sont les personnes qui ont peu ou pas de ressenti corporel soit que la douleur ou qu’un handicap les ont fait déserter leurs sensations corporelles, soit qu’une histoire plus personnelle bloque ce ressenti. Elles sont vraiment extrêmement rares.
Intérieur ou extérieur ?
Depuis 2020, j’ai initié des groupes en extérieur. Au début, il s’agissait de continuer à pratiquer dans le contexte sanitaire de l’époque. Mais certains groupes ont tellement apprécié qu’ils ne se verraient pas reprendre en intérieur. C’est d’ailleurs ainsi que pratiquent les Chinois et les Parisiens. Cela fait sens quand on sait qu’il s’agit de s’harmoniser avec son environnement…
L’énergie se caractérise par 3 aspects : la chaleur, le mouvement et la transformation. Si on maîtrise la circulation de l’énergie, on n’a pas froid même en extérieur par basses températures. En effet, cela renforce 卫气 wèi qì, l’énergie défensive, celle qui permet de se protéger des « atteintes externes ». Cette année, une élève qui était précédemment « enrhumée tous les 15 jours » n’a eu aucun rhume. Elle fait partie des personnes qui ne retourneraient pour rien au monde en intérieur.
Mais pour les personnes qui doutent de leurs capacités, qui sont en grande fragilité ou pour le cours du soir, il est aussi possible de pratiquer en intérieur.
Qi gong adapté aux pathologies
On entend de plus en plus parler du Qi Gong pour ses vertus thérapeutiques. De fait, il est de plus en plus utilisé avec succès dans différents protocoles dans les hôpitaux Français : accompagnement dans les maladies métaboliques (diabète, hyper-tension), cancers, maladies auto-immunes et maladies neuro-dégénératives principalement. En Chine, il existe même des hôpitaux spécialisés (l’Hôpital de Bedaihe de Qi Gong thérapeutique en est un exemple). Ils ont été créés pour stabiliser la santé de leurs patients, minimiser leurs rechutes et donc le coût pour le système de santé.
De fait, tous les Qi Gong ont une influence sur la régulation de ce que l’on appelle « l’énergie correcte 正气 Zhèng qì », celle qui s’oppose aux processus pathogéniques. Mais l’accompagnement thérapeutique hors protocole normalisé demande la connaissance et la pratique de la théorie médicale chinoise. Il faut y avoir été formé de manière spécifique et connaître de manière fine les mouvements énergétiques rapportés aux mouvements. J’ai dans un premier temps été formée à Bedaihe en Chine puis ai suivi un cursus de Qi Gong adapté aux pathologies à Paris.
Comment reconnaît-on un exercice de Qi Gong adapté ? Par sa simplicité. Cela demande un grand art de la synthèse entre théorie de la Médecine Traditionnelle Chinoise et pratiques de Qi Gong. Thérapeute en tout premier lieu, je ne pense pas que le Qi Gong se résume à la pratique d’enchaînements, « même si ça fait du bien ».
Parce que nous pratiquons en groupe restreint, toutes les personnes qui pratiquent avec moi peuvent bénéficier des corrections individualisées et faire du Qi Gong quelques soient leurs conditions physiques et leur âge. Elles trouveront bénéfice à « l’énergie de groupe », cette sensation de facilité rendue possible par le groupe.
A qui s’adresse le Qi Gong ?
- A toutes les personnes quelques soient leur âge et leur condition physique,
- Aux personnes bien portantes pour nourrir leur vitalité et maintenir leur santé,
- Aux praticiens d’arts martiaux pour affiner leur conscience de l’énergie, et d’expérimenter dans leur corps la relation avec la théorie,
- Aux artistes pour développer leur créativité,
- Aux thérapeutes et aux personnes en contact avec des publics perturbés et qui ont besoin de se régénérer,
- Aux personnes fatiguées dont l’énergie a besoin d’être revitalisée et qui veulent reconquérir la santé et la confiance en elles.
- Aux personnes qui ont des douleurs,
- Aux personnes qui se sentent fragiles et qui « attrapent tout ce qui passe »
- Aux personnes qui perdent facilement l’équilibre,
- Aux personnes électro-sensibles,
- Aux personnes qui désirent « bien vieillir », c’est-à-dire dans l’usage de toutes leurs capacités.
Jusqu’à quel âge ?
Il n’y a pas d’âge pour pratiquer : le Qi Gong peut se pratiquer jusqu’en fin de vie. Il peut être démarré même tardivement (60-70 ans et plus). Plusieurs personnes de plus de 80 ans ont suivi mes cours et certaines d’entre-elles ont démarré cette pratique après 80 ans.
Y a-t-il des contre-indications ?
Les seules contre-indications sont les névroses et troubles psychologiques graves. Les dépressions réactionnelles ne posent pas de problème.